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  1. Economie du partage ou partage de l’économie ?

    L’économie collaborative a-t-elle quelque chose à voir avec l’économie du partage, share economy, ou plus précisément encore avec l’économie sociale et solidaire, l’ESS ? Cette économie humanise-t-elle ou tue-t-elle les marchés ? Air BnB, Uber Pop, Le Bon Coin, Bla Bla Car… Les expériences d’économie collaborative se développent à vitesse grand V aujourd’hui, au Québec comme en France, et parfois à échelle planétaire, amenant certains observateurs à parler de l’avènement de nouveaux modèles économiques, voire d’une nouvelle civilisation.
    Epiphénomène ou véritable transformation des modèles économiques ? Quand les limites entre producteur, distributeur et consommateur s’estompent, quelles nouvelles règles de l’échange s’inventent-elle, avec quels valeurs, quelle éthique ? Est-ce l’émergence d’une nouvelle économie, à la fois libérale et sociale, dopée par le numérique et la mondialisation ? Le nouveau visage de l’économie sociale libérée de ses oripeaux historiques ? Ou au contraire la nouvelle conquête du capitalisme sur la sphère privée et bénévole, la marchandisation de l’esprit collectif ?

     

    Revenons à quelques définitions : l’économie collaborative se base sur la production de biens et (surtout) de services en commun, s’appuyant sur une organisation horizontale, facilitée notamment par l’usage de plates-formes internet. L’économie de partage est une organisation de pair à pair, où les individus s’auto-organisent pour créer un bien commun. L’économie sociale et solidaire est centrée sur l’intérêt général, à travers une organisation démocratique et une éthique de la répartition des revenus de l’activité. Du pareil au même ? Pas tout à fait, si on se penche plus attentivement sur les concepts autant que sur les réalités concrètes.

     

    Services en commun, biens communs, intérêt général : les finalités de chacune de ces économies différent. L’économie collaborative permet de produire des services à plusieurs, mais ces services ne deviennent pas pour autant une propriété collective. La chambre louée via Air BnB ou la voiture du conducteur Uber Pop reste à son propriétaire et une part significative du prix de la location va à la plate-forme centrale de réservation. Pour l’économie du partage, il s’agit de créer ensemble des biens collectifs : le coût d’un trajet en covoiturage est partagé équitablement entre le chauffeur et son ou ses passagers. Les logiciels libres élaborés par ses communautés d’usage appartiennent à tous. Pour l’ESS les biens et les services produits ne servent pas qu’une catégorie d’usagers mais tous ; une part significative de l’ESS s’intéresse même plus spécifiquement aux usagers les plus empêchés dans l’accès à ces services : petite enfance, personnes âgées et handicapées, personnes fragiles socialement ou financièrement.

     

    L’horizontal, le pair à pair, le démocratique : les formes d’organisation humaine conditionnées par chacun de ces modèles économiques sont là aussi de nature différente. L’économie collaborative repose sur une structure très pyramidale avec un gestionnaire d’information unique qui accrédite les collaborateurs, et une multitude de collaborateurs sans lien particulier les uns avec les autres, au statut totalement précaire et sans lien salarial notamment. L’économie du partage s’appuie sur des communautés de coproduction à égalité, théorique, de pouvoir. L’ESS se construit avec des salariés coopérateurs ou sociétaires, qui ont chacun la même voix au chapitre, dans un ensemble de conventions sociales protectrices pour les individus, mais créatrices de rigidité pour le développement des activités.

     

    Valeur ajoutée, capital et répartition des profits, éthique économique : l’économie collaborative peut générer des concentrations capitalistiques très fortes (introduction en bourse de Air BnB pour 8 milliards $, levée de fonds de plus de 200 M€ pour Bla Bla Car). Moyens financiers essentiels pour assurer le développement des systèmes d’information et des données, mais absence totale de partage du capital et faible partage des profits avec les collaborateurs. A contrario, l’économie du partage comme l’ESS ne génèrent que très peu de capitaux, et ceux-ci sont le plus souvent portés par tous, qu’ils soient impartageables ou non spéculatifs. Un modèle très éthique, mais difficile à mobiliser dans une stratégie de forte croissance et donc de besoins en capitaux.

     

    Economie collaborative, économie du partage et ESS s’appuient toutes les trois sur l’agir collectif, mais les ambitions et règles de ce collectif sont ainsi bien différentes pour chacune. Gardons nous de nier ces différences et travaillons à des fertilisations croisées : la dynamique économique et la puissance d’innovation de l’économie collaborative doit inspirer cette vieille dame qu’est l’ESS. L’éthique et la qualité sociale de l’ESS et de l’économie du partage doivent encourager l’économie collaborative à se doter d’un supplément d’âme.

    Conférence JECO 15 octobre 2015 15h-16h30 Université Catholique de Lyon
    Cyril Kretzschmar, élu délégué à la nouvelle économie à la Région Rhône-Alpes,
    Damien Demailly économiste Coordinateur du programme Nouvelle Prospérité à l’Iddri,
    et Philippe Frémeaux, éditorialiste à Alternatives Economiques,
    à Lyon

    débattent avec

    à Montréal :
    Patrick Cohendet, économiste à HEC Montréal,
    Serge Proulx, sociologue à l’UQAM
    Jean-Nicolas Guillemette, dirigeant de Uber Canada
    Et Laurent Simon, économiste à HEC Montréal

    Cette conférence est organisée en duplex entre Lyon et Montréal, en partenariat avec les Entretiens Jacques Cartier et l’Université Cirano

  2. le FISO Fonds d’Innovation Sociale, pour le changement d’échelle de l’ESS en Rhône-Alpes !

    Ce 10 septembre est (enfin !) lancé le FISO Fonds d’Innovation Sociale, pour accompagner les projets ESS et d’innovation sociale ambitieux, créateurs des activités durables et solidaires de demain. Le FISO, c’est un nouvel outil pour le changement d’échelle de l’ESS en Rhône-Alpes !

    « Enfin » car c’est le fruit de longs mois de volontarisme, de travail, de persévérance, d’efforts conjugués avec les partenaires de l’ESS et du développement économique…  Nous avons réussi ensemble, et je suis très heureux que le FISO soit à la disposition des rhonalpins dès 2015.

    Ce dispositif, impulsé par la loi ESS, n’est en effet pour l’instant mis en œuvre que dans 9 Régions seulement (Centre, Franche-Comté, Languedoc-Roussillon, Lorraine, Midi-Pyrénées, Nord Pas-de-Calais, PACA, Picardie et Rhône-Alpes).

    Tout au long de ce mandat, depuis 2010, j’ai beaucoup milité pour que l’innovation sociale soit reconnue comme un levier à part entière de la stratégie régionale d’innovation, et pour que les acteurs rhonalpins de l’ESS soient partie prenante de cette démarche. Un espace régional de concertation de l’innovation sociale a été mis en place, associant partenaires sociaux et acteurs économiques, et s’appuyant sur l’expertise de chercheurs. Un programme d’actions dédiées s’élabore avec ces partenaires, et des moyens sont mobilisés pour développer cette autre façon d’innover.

     

    Développer les activités durables et solidaires de demain :

     

    Le Fonds d’Innovation Sociale a pour objectif de soutenir les projets qui apportent une solution innovante à des besoins sociétaux peu ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales, en favorisant la participation et la coopération des acteurs concernés, notamment utilisateurs et usagers.

    Cette innovation sociale concerne aussi bien des produits ou services, qu’un mode d’organisation, de distribution, ou des modalités de financement. L’innovation sociale passe par un processus en plusieurs étapes : émergence, expérimentation, diffusion, évaluation.

     

    L’appel à projet est ouvert à partir du 11 septembre 2015

    Plus de précisions sur :

    http://www.innovation.rhonealpes.fr/SRI/jcms/prod_42626/fr/linnovation-sociale

    http://www.innovation.rhonealpes.fr/SRI/upload/docs/application/pdf/2015-09/2015_appel_a_projets_innovation_sociale.pdf

     

    Parier sur l’innovation sociale :

     

    Bien que l’innovation sociale soit de plus en plus reconnue dans sa capacité à faire émerger des solutions aux grands défis de notre société, et à générer des activités et des emplois durables,  les politiques nationales et régionales d’innovation sont restées longtemps centrées sur l’innovation technologique. Cette « sacro-sainte » innovation technologique est encore trop souvent considérée comme « l’alpha et l’oméga » de nos politiques de développement économique (et comme le saint graal des acteurs qui accompagnent et financent l’innovation), ce quelle que soit la finalité, l’utilité, ou même l’empreinte écologique du produit final… et à plus forte raison s’il a un potentiel à l’export !

    Cette croyance empêche encore trop souvent d’avoir un vrai débat politique de fond sur l’innovation technologique que nous voulons vraiment soutenir avec l’argent public : une innovation technologique qui permette de lutter efficacement contre le changement climatique et le gaspillage de ressources naturelles, de développer massivement des énergies renouvelables pour réduire notre dépendance au pétrole et à l’uranium,  de préserver le foncier agricole,  les terres rares, les biens communs, etc etc…  bref de nous aider à répondre aux enjeux du 21e siècle, tout en créant des emplois ici et maintenant !!

    Dans ce contexte, les porteurs de projet d’innovation sociale rencontrent évidemment des difficultés pour faire reconnaître leur projet comme innovant, être accompagnés et financer leurs innovations. Il existe une formidable inventivité de  la part des citoyens, des acteurs de la société civile, des associations, des acteurs de l’économie sociale et solidaire, des salariés, des entreprises soucieuses par leur responsabilité sociétale… La promotion de l’innovation sociale est donc un enjeu majeur pour le développement d’une autre économie : il faut faire évoluer les mentalités et bouger les lignes !

     

    Compléter les dispositifs existants :

     

    Ce nouvel outil s’articule avec les outils financiers déjà existants mais est plus particulièrement dédié à l’innovation sociale pour des projets ambitieux et d’envergure.

    Il est géré par BPI Rhone-Alpes.

     

    Les dispositifs déjà opérationnels que le FISO vient compléter sont :

     

    – Les incubateurs d’innovation sociale :

    Alter’Incub Rhone-Alpes http://www.alterincub.coop/alter-incub-rhone-alpes/

    Ronalpia http://ronalpia.fr/

     

    – le soutien à l’entrepreneuriat social : http://www.rhone-alpesolidaires.org/files/livretentreprendreautrenov14-bd_0.pdf

     

    – le soutien à la reprise d’entreprise par les salariés : http://www.transmea.coop/

     

    – l’appui conseil d’Aravis sur l’innovation sociale : nouvelles modalités de GRH, de management, de dialogue social : http://www.aravis.aract.fr/appui-conseil-linnovation-sociale-lancement-dun-nouveau-dispositif/

     

    – l’accompagnement des projets d’innovation sociale par la CRESS (grace à un cofinancement régional dans le cadre du 3e Contrat économique sectoriel ESS) : innovation sociale CRESS RA

    innov sociale cressra

     

  3. Bilan des élus EELV au Conseil régional Rhône-Alpes

     

     

    Qu’avons-nous fait au Conseil régional Rhône-Alpes ?  

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    Qu’avons-nous fait pour mettre l’économie au service de l’humain ?

     

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  4. Economie de proximité : bilan à l’occasion des 4e rencontres régionales

    Les 4èmes Rencontres régionales de l’économie de proximité ont réunis les acteurs du développement local rhonalpins le 26 mai dernier.

    Des témoignages d’entreprises et d’acteurs locaux sur le thème « l’économie de proximité stimule l’entreprise », une plénière prospective avec des interventions sur la politique d’accueil de nouveaux actifs en Auvergne et le Barter monnaie complémentaire pour les échanges entre entreprises, un showroom d’initiatives issues des démarches économie de proximité accompagnées par la Région en Rhône-Alpes…  : un programme passionnant mettant en lumière les dynamiques locales !

    Retour en images (album photos Flickr) : et un grand merci à tous les participants, tous les intervenants, Claire Saddy pour l’animation de la journée, Petits Pas Pour l’Homme  pour leurs improvisations drôles et décalées, ARADEL, la Direction de l’économie à la Région et tous les partenaires (Etat, CRMA, CRESS, CRA, Cap Rural, etc…) pour l’organisation…

    4e rencontres régionales économie de proximité _ Flickr - Photo Sharing

     

    A cette occasion ont aussi été présentés en avant-première :

    – un clip pédagogique sur l’économie de proximité en Rhône-Alpes 

     

    – une mise à jour 2015 du diagnostic régional :

    rapport_diagnostic2015 2015-05-29 15_53_00-rra_eco_proximite769_plaquette_imp3.pdf - Adobe Reader

     

    – un cahier d’expériences sur les leviers d’action possibles pour stimuler l’économie de proximité

    RRA_Cahiers_economie_proximite_2_IMP RRA_Cahiers_economie_proximite_2_IMP

     

    Fiches actions diffusées lors du showroom d’initiatives issues des démarches économie de proximité accompagnées par la Région en Rhône-Alpes :

    (cliquer sur le nom du territoire pour accéder à la présentation de l’action)

    • ESPACE-TEST  AGRI RURAL CREACTIVE sud_gresivaudan
    • LA CAVERNE PONT D’ARC, UNE INVITATION A DEVELOPPER LES COMPETENCES INTERCULTURELLES Ardeche
    • POLITIQUE D’ACCUEIL ET D’ATTRACTIVITE DU BEAUJOLAIS VERT Beaujolais
    • CREATION D’UNE SCOP D’ARTISANS ECO-CONSTRUCTEURS ET ECO-RENOVATEURS bugey
    • CREATION D’UN ESPACE DE TRAVAIL PARTAGE ET COLLABORATIF ‘COWORKING’ calb
    • CONCIERGERIES DE TERRITOIRE dombes_1
    • CUIR DE POISSONS DE DOMBES dombes_2
    • RENCONTRES ECONOMIQUES DU FAUCIGNY faucigny
    • STRUCTURATION D’UN PTCE AUTOUR DU CINEMA DOCUMENTAIRE ET DE L’IMAGE lussas
    • CREATION D’UN ESPACE DE FABRICATION NUMERIQUE: OPEN FAB MAURIENNE Maurienne
    • DYNAMISER LES MARCHES NON SEDENTAIRES DES MONTS DU LYONNAIS Monts du lyonnais
    • DEVELOPPEZ VOTRE POTENTIEL D’INNOVATION pays roannais
    • DEMARCHE R.S.E POUR LES ARTISANS DU BATIMENT pilat

     

    Le Conseil Régional Rhône-Alpes  a adopté en décembre 2012 une délibération pour développer l’économie de proximité et encourager les acteurs à porter un autre regard sur le développement économique local. Réunissant au sein des territoires artisanat, commerce, acteurs de l’économie sociale et solidaire, et très petites entreprises à base locale, l’économie de proximité est une des clés du développement en Rhône-Alpes.

    Par le caractère non délocalisable de sa production et de ses emplois, par sa vocation à répondre aux besoins humains des personnes présentes sur le territoire, l’économie de proximité peut contribuer à atténuer les soubresauts de la vie économique, mais aussi apporter une réponse aux défis de la lutte contre le chômage, des évolutions démographiques, des changements comportementaux des consommateurs, et de la préservation de l’environnement.

    Avec cette politique, la Région a impulsé une nouvelle approche du développement économique local basée sur l’analyse des moteurs du développement d’un territoire et sur une démarche innovante d’accompagnement d’acteurs locaux.

    rra_eco_proximite 2015-05-29 15_48_13-RRA_Eco_Proximité_Fiches_IMP.pdf - Adobe Reader

     

    Bientôt, plus de 30 territoires rhonalpins auront, grâce à cette approche, porté un autre regard sur leur économie locale :

    – en 2015, le GPRA Rhône-Médian et le grand territoire Arc Genevois sont accompagnés, ainsi que 5 territoires supplémentaires (un nouvel appel à projet est en cours, clôture des candidatures en juin 2015)

    – en 2014 : la Communauté d’agglomération du Lac du Bourget, le Syndicat Pays de Maurienne, le CDDRA Royans Vercors, le Pays Sud Grésivaudan et l’Ouest Lyonnais ; le Grand Lyon, les CDDRA Pays Diois, Forez, Plaine de l’Ain Cotière et Dombes Val de Saone.

    – en 2013 : Saint-Étienne Métropole, la Communauté d’Agglomération Porte de l’Isère, les CDDRA Pays du Mont-Blanc, Monts-du-Lyonnais et Pays Roannais

    – en 2012 : le PNR du Massif des Bauges, le CDDRA du Faucigny, le CDDRA du Haut Bugey, le CDDRA du Bugey et le Grand Projet Rhône-Alpes Grotte Chauvet

    – en 2011 : le CDDRA Bassin de vie de Bourg en Bresse, le PNR du Pilat, l’agglomération du Pays Viennois

    – auxquels il faut ajouter le Grésivaudan, VALDAC et Alpes Sud Isère

    les diagnostics réalisés sont consultables sur le Portail Territoires Rhône-Alpes 

     

    « Voici un beau bout de chemin franchi autour de l’économie de proximité en Rhône Alpes ! Depuis le vote de la délibération du Conseil régional en décembre 2012, plus de 30 territoires se sont engagés sur le sujet à travers l’Institut du Management des Pratiques Locales (IMPL). Ces territoires en CDDRA, GPRA, agglomérations ou PNR ont suivi la formation-action animée par ARADEL et ses consultants partenaires pour mieux identifier et activer les leviers de leur développement économique.

    Élus, services économiques, représentants consulaires, acteurs du tourisme et entreprises sont engagés dans le soutien à de nombreux projets locaux de développement : Fab Lab en Maurienne, méthanisation dans les Monts du Lyonnais, e-commerce dans le sud de la Métropole lyonnaise, appel à projet sur la silver economy dans le Roannais, promotion des circuits de proximité dans le Pilat, mobilisation des TPE et artisans autour de la Caverne du Pont d’Arc…Ces projets associent petites et grandes entreprises ; ils mêlent industrie, artisanat, commerce et services ; ils mobilisent en commun acteurs publics et acteurs privés.Ils démontrent le potentiel de développement d’activités et d’emploi de tous nos territoires.

    La mondialisation de l’économie n’interdit pas le développement local. Les petites activités économiques, insérées dans le tissu local, sont pleinement complémentaires des grands secteurs industriels et commerciaux ; ils sont même nécessaires à leur survie et à leur développement. S’intéresser à l’économie de proximité c’est dépasser le regard un peu clivé que l’on peut avoir sur la manière dont se créent les richesses sur le territoire. Le produit intérieur brut, le PIB, nous a fait quelque peu oublier qu’au-delà de la production de biens, c’est l’échange qui fait l’économie. Échange entre TPE, PME et grandes entreprises, entre industries et services, entre acteurs économiques et citoyens, acteurs privés et acteurs publics. Les projets issus de la démarche ne sont pas nécessairement exemplaires, ils intensifient les échanges entre les acteurs et créent, en cela, richesse et emplois.

    Les démarches IMPL, la publication du premier, puis du deuxième Cahier économie de proximité, les Rencontres régionales de l’économie de proximité qui réunissent chaque printemps entre 250 et 350 participants, tout cela contribue à conforter un réseau de professionnels et d’élus en charge du développement économique sur la région. Ce réseau diffuse largement ces pratiques en Rhône Alpes et au-delà ; il peut inspirer de nouvelles politiques autour des circuits courts, de l’épargne de proximité, des Fabs Labs… À nous ensemble de contribuer à la création de richesses sur les territoires ! » 

    Cyril KRETZSCHMAR

     

    retour sur les précédentes rencontres :

    retour sur le vote de la délibération « économie de proximité » en 2012

  5. L’économie sociale et solidaire survivra-t-elle à la Loi Macron ?

    Le projet de loi Macron va-t-il détricoter la loi Hamon ? Des signes tangibles semblent le montrer. Le droit préalable d’information des salariés en cas de cession d’une entreprise est par exemple dans le collimateur.

     

    Certains signes le laissaient transparaître… Le projet de loi Macron, sous le costume apparemment consensuel de la croissance et du développement de l’activité, s’attaque à l’économie sociale et solidaire telle que prônée quelques mois plus tôt par la loi Hamon.

    Une série d’alertes

    La première alerte est venue d’un amendement discret et assez technique du député François Brottes concernant la limitation des contrats d’affiliation des commerces. Dans l’objectif de donner plus de liberté aux commerces affiliés ou en franchise, cet amendement risque de fragiliser fortement les coopératives de commerçants, tels les Leclerc ou les opticiens Atol. La querelle fait rage au sein des différentes familles de regroupements commerciaux et les arguments sont difficiles à partager. Mais on peut regretter que, pour le gouvernement, la structuration en coopérative soit, dans ce cas, perçue manifestement comme un frein au développement économique et pas comme un levier.

    La seconde alerte, et l’on espère qu’elle n’en deviendra pas la deuxième, est subodorée dans un article du Figaro du 9 mars : le ministre Macron souhaiterait mettre à profit les amendements à venir du Sénat pour supprimer le droit préalable d’information des salariés en cas de cession d’une entreprise. Cette disposition de la loi Hamon, visant à accentuer les efforts en matière de reprise d’entreprise par les salariés, a créé beaucoup d’émoi au sein du patronat l’année dernière. Benoit Hamon a tenu bon et fait voter cet article de loi, arguant du fait qu’une telle disposition existait dans beaucoup de pays européens, et qu’elle n’entachait en rien le secret nécessaire aux transactions et le droit de propriété lui-même.

    Salarié et patron, ça a du bon !

    La reprise d’entreprise par les salariés, loin d’être une menace pour les dirigeants cédants, est une véritable opportunité pour eux et un vrai levier de développement économique pour le pays. En région Rhône Alpes, le mouvement coopératif, le Conseil régional et la Caisse des Dépôts ont créé un fonds de capital développement, TRANSMEA, dont l’objectif est d’aider les salariés à accéder progressivement au capital de leur entreprise. Les obstacles principaux à la reprise d’entreprise par les salariés ne sont pas économiques, fiscaux ou sociaux, ils sont tout simplement… culturels.

    Les dirigeants, et particulièrement les patrons de PME, ne voient pas toujours que leurs salariés sont le plus souvent leurs meilleurs alliés en cas de cession. Les intermédiaires de cette cession que sont les conseils, avocats, experts-comptables, notaires, syndics ou juges du commerce ont tendance à se méfier d’une reprise par les salariés, sous forme coopérative ou non. Et pourtant, on peut, chiffres à l’appui, démontrer que ce type de reprise est beaucoup plus pérenne. Salarié et patron, ça a du bon !

    Un rapport à la mi mars

    Alors, pourquoi revenir sur un tel droit d’information offert aux salariés ? Les organisations patronales sont-elles si inquiètes face à une horde de salariés qui voudraient racheter leurs entreprises ? Bien sûr, une loi ne transforme pas par magie des salariés en actionnaires ; bien sûr aussi, la création d’un nouveau droit ne va pas sans créer des problèmes d’application, selon la taille de l’entreprise ou son secteur d’activités.

    Le rapport de la députée Fanny Dombre-Coste, missionnée par Manuel Valls pour analyser les conditions de mise en œuvre de ce fameux droit d’information préalable est attendu pour la mi-mars. Au-delà des supputations journalistiques, on pourra sans doute apprécier à sa lecture la volonté de l’État de confirmer sa politique de promotion de l’économie sociale et solidaire comme un levier essentiel de croissance et d’emploi… Ou de la passer par pertes et profits.

     

    Tribune publiée sur Acteurs de l’économie 

  6. Solidaire dans l’économie sur RCF

    Après le prêt solidaire de Xétic, les services à la personne et la reprise d’entreprise par les salariés, l’émission de RCF sur l’économie sociale et solidaire nous embarque dans le circuit court alimentaire avec la Super Halle d’Oullins.

    à écouter ou réécouter sur RCF

  7. SET : la reprise d’entreprise par les salariés, ça marche !

    En décembre 2012, les salariés de l’entreprise de haute-technologie SET, installée à Saint Jeoire en Haute-Savoie, obtenaient l’annulation de la cession de l’entreprise à un groupe multinational et l’acceptation de sa reprise en Scop grâce, notamment, à la mobilisation des outils financiers du mouvement coopératif et à l’appui de Transméa.

     

    Voir l’article :  les salariés de SET sauvent leurs emplois en devenant leurs propres patrons

     

    Deux ans plus tard, la Scop, que dirige Pascal Metzger, affiche d’excellents résultats, qui viennent conforter la confiance que les financeurs leur avaient accordée. Le chiffre d’affaires a ainsi atteint les 8,5 millions d’euros en 2013, avec un résultat net de 19 %.

    Forte de ces performances, l’entreprise souhaite désormais renforcer son fonds de roulement pour mettre en oeuvre un ambitieux plan de développement en Recherche & Développement, autour de la conception de nouvelles machines qui lui permettraient de combler des besoins actuellement non couverts, en réponse aux demandes de ses clients, et de conquérir de nouveaux marchés.

     

    SET est soutenue par la Région Rhône-Alpes et ses partenaires via le fonds Transméa, qui accompagne désormais les entreprises issues de reprises à leur redémarrage mais également durant de leurs trois premières années.  SET a sollicité l’Union Régionale des SCOP (qui gère et anime le dispositif Transméa) pour un second tour de table financier. Elle est la première entreprise à bénéficier de cette mesure. Ses excellents résultats lui ont permis d’autofinancer 1,3 million d’euro, auquel est venu s’ajouter 1,5 million d’euro de Transméa, de Bpifrance, de l’Ides et des outils du mouvement coopératif, pour un budget de R&D qui s’élève au total à 2,8 M€.

     

    2015-02-19 17_24_59-Société de capital-risque dédiée à  la reprise d'entreprises par les salariés -

    Fruit d’une collaboration exemplaire entre une Région, les partenaires du mouvement coopératif et les grands acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire, Transméa se positionne comme la seule société de capital-risque dédiée à la reprise d’entreprise par les salariés (RES) et prouve concrètement que mettre l’humain au coeur d’un dispositif crée de l’emploi, assure la pérennité de l’entreprise, et résout des sujets cruciaux aujourd’hui tels que la transmission et le maintien d’un savoir-faire en France. http://www.transmea.coop/

     

    2015-02-03-CP-Transmea-URScop

  8. Face à la crise, l’artisanat participe à la transition écologique de l’économie

    Après le succès de la 1ère Biennale européenne de l’artisanat à Lyon, Jean Jacques Queyranne et moi recevons le 3/12/14 une délégation de l’Union Patronale Artisanale Rhône Alpes. Trois éléments à souligner dans le contexte difficile que traversent les artisans.

     

    1 / l’Artisanat, un moteur de l’économie et de l’emploi en France

    Forts de savoir-faire inscrits dans les siècles, ouverts aux innovations et aux avancées technologiques, attentifs aux évolutions de la société, pépinière d’entrepreneurs, l’Artisanat est le principal employeur et créateur de richesses du secteur concurrentiel en France. En Rhône-Alpes, ce sont :

    • 120 000 entreprises, soit une entreprise Rhône Alpine sur quatre
    • Plus de 300 000 actifs, soit 11% de la population active occupée en Rhône-Alpes
    • 246 000 salariés, soit un salarié rhônalpin sur cinq

    L’artisanat joue un rôle majeur dans l’économie de proximité, une économie ancrée dans tous les

    territoires, essentielle à l’équilibre entre villes et campagnes. Garants d’un lien social, proches de

    leur clientèle, les artisans, tout en développant l’activité économique, contribuent à maintenir

    les relations humaines au sein de leurs quartiers, dans les centres villes et les villages. Tant par

    leur poids économique que par leur offre quotidienne de biens et de services, les entreprises

    artisanales participent au développement de l’emploi de proximité dans chaque territoire.

    Et la transition écologique de l’économie, c’est une économie locale qui répond aux besoins humains ici et maintenant, qui favorise les échanges locaux et qui créée de l’emploi.

     

    2 / L’Artisanat, “passeur de savoir” pour les générations futures

    L’Artisanat en Rhône-Alpes joue son rôle de transmission de savoir-faire, en accueillant chaque année 20 000 apprentis (soit la moitié des contrats d’apprentissage signés chaque année). Le développement de l’apprentissage est plus que jamais, dans un contexte de chômage des jeunes important, un outil essentiel de la formation et d’accès à l’emploi. Avec 68% d’insertion 7 mois après la sortie de formation (enquête IPA 2013), l’apprentissage est une voie qui a fait ses preuves pour permettre à des jeunes de 16 à 25 ans de réussir leur formation initiale, d’acquérir une qualification et d’accéder durablement au marché du travail. Parce qu’il met en œuvre une pédagogie de l’alternance rigoureuse et de qualité, l’Apprentissage devient progressivement une « voie d’excellence » permettant, dans la plupart des secteurs professionnels, d’accéder à des études et à des diplômes avec la même considération que les voies scolaire et académique… Ces jeunes auront aussi de bonne chance de devenir entrepreneur à leur tour, puisqu’un diplômé de l’artisanat sur deux devient chef d’entreprise dans les dix ans qui suivent son entrée dans la vie active.

    Et la transition écologique de l’économie, c’est une économie locale qui intégre les jeunes, qui transmet les savoir-faire, qui prépare la relève !

     

    3 / l’Artisanat, acteur de la réparation et de la réduction des déchets

    En Rhône-Alpes, les artisans « Répar’acteurs » (le label des réparateurs… …d’ordinateurs, de téléphones, de meubles, d’articles en cuirs, de bijoux, de vêtements et chaussures …) ce sont près de 5 000 artisans qui vont du cordonnier, au bijoutier, en passant par le réparateur d’ordinateurs…

    Ces artisans Répar’acteurs s’engagent, par la signature d’une charte, à effectuer des réparations avant de vendre un produit neuf. Ils développent un service nécessaire auprès des citoyens, et contribuent à la prise de conscience du consommateur de l’impact positif de la réparation sur l’environnement  (par l’évitement de déchets, la réduction de la consommation de matière première, la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées au transport…) et son pouvoir d’achat.

    Ces métiers de la réparation sont des métiers d’avenir, avec un fort potentiel de création d’emploi, pour lutter contre l’obsolescence programmée, prolonger la durée de vie des produits et réduire les déchets.

    Et la transition écologique de l’économie, c’est une économie qui réduit son empreinte écologique, qui réduit la production de déchets, qui économise les matières premières et l’énergie…

     

    Et pourtant, bien des mesures gouvernementales, fort bien inspirées au départ, favorisent de fait les grandes entreprises au détriment des petites : CICE, compte pénibilité, soutien aux employeurs d’apprentis… Il est plus facile de verser 1 million à une grande entreprise que 10 000 € à 100 petites, alors que ce sont elles qui font l’emploi et portent, au quotidien, la transition. Plus que jamais les pouvoirs publics, Etat et collectivités ensemble, doivent rendre accessibles leurs dispositifs publics aux plus petites entreprises. Les démarches contractuelles comme ATOUTS, solution gagnante pour les artisans, montrent la voie. Artisans et Région Rhône Alpes peuvent maintenant aller plus loin en associant plus fortement l’Etat et les autres collectivités à cette dynamique régionale. Ils peuvent faire école dans d’autres régions et à l’échelle nationale.

     

     

    2014-12-03 12_50_02-Atouts Artisanat _ Solutions gagnantes pour les artisans

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