Oullins : engager la transition écologique pour créer des emplois

Nous étions une cinquantaine jeudi soir venus débattre de la création d’emplois à la salle du Caveau d’Oullins. Ce fut l’occasion pour Béatrice Vessiller (conseillère générale de Villeurbanne) et moi d’inaugurer une façon nouvelle, plus « participative », de tenir un meeting : proposer au public de réfléchir à des cas concrets, privilégier la réflexion en groupe et favoriser la participation du public à l’élaboration de solutions pour l’emploi.

Chacune et chacun a donc pu se glisser dans les habits d’un ministre : proposer son propre diagnostic de l’apprentissage et de la formation professionnelle, résoudre les problèmes d’une usine savoyarde d’aluminium menacée de délocalisation, ou réfléchir à l’avenir d’une filière bois en mal de reconversion.

Des échanges riches et animés, qui auraient sans doute mérité quelques heures de discussion en plus tant la question des emplois verts est un sujet intéressant et inépuisable. A charge de revanche !

Chaque groupe s’est vu attribuer un cas pratique, puis a désigné un porte-parole

chargé de présenter aux autres le fruit de sa réflexion.

 

>> Cas pratique n°1 : « RIO TINTO, L’EMPLOI LAMINÉ »

Rio Tinto est le leader mondial de la production d’aluminium, après avoir absorbé le canadien Alcan, ayant lui-même racheté Péchiney. La société possède les deux derniers sites de production en France : Dunkerque et Saint Jean de Maurienne. L’énergie représente plus de 40% du prix de revient du minerai, compte tenu du procédé utilisé, l’électrolyse. Rio Tinto a annoncé très récemment sa décision de vendre le site de Saint Jean de Maurienne pour profiter de gisements d’énergie meilleure marché au Canada et au Moyen Orient. Le site de Saint Jean représente environ 600 emplois, de très loin le plus gros employeur de la vallée ; l’activité de Rio Tinto touche indirectement plus de 2 000 emplois locaux.

Les syndicats et les élus locaux se mobilisent pour des solutions de reprise du site. Certains misent sur un repreneur industriel classique qui pourrait redémarrer la production dans des conditions relativement identiques, et avec un approvisionnement énergétique sécurisé en volume et en tarif. Ceci ne peut se faire qu’avec l’accord politique d’EDF et du gouvernement. D’autres cherchent à explorer le potentiel de l’aluminium recyclé, le gisement dans l’automobile comme dans l’alimentaire étant très important, mais difficile à collecter et à conditionner. Un taux maximum de 20 à 30% d’aluminium recyclé peut être joint au minerai pur, et le recyclage ne résout pas pour autant le problème énergétique.

Vous êtes réunis, entre partenaires du site de Saint Jean, pour examiner les différentes pistes de maintien et de création d’emploi et les conditions de réussite minimales de ces pistes.

>> Cas pratique n°2 : « LA FILIÈRE BOIS, CA CHAUFFE ! »

La filière bois représente un potentiel énergétique et économique considérable en France : en 2007 plus de 57 milliards d’Euros de chiffre d’affaire annuel et 425 000 emplois. La filière représente plus d’actifs que l’automobile !

Sa structuration est néanmoins très complexe et crée de nombreux obstacles à son développement.

Les parcelles forestières sont détenues dans leur très grande majorité par des particuliers. Elles sont petites, morcelées, difficiles d’accès, peu entretenues.

Les essences cultivées sont très variées, dans l’esprit de « forêts jardins » très bucoliques, mais pas du tout adaptées à l’exploitation forestière et notamment à la mécanisation.

La profession des scieurs s’est développée autour de la gestion de la rareté : plus le bois coupé est rare, plus il est cher et plus les scieurs ont d’influence sur l’ensemble de la filière.

Les acteurs économiques en aval de la filière, bois-énergie, charpente, isolation, menuiserie, ameublement… ne sont pas réellement fédérés.

Les acheteurs de bois qui cherchent la qualité et la régularité des approvisionnements se fournissent beaucoup plus facilement dans les pays est-européens qu’en France.

Nouveau/nouvelle ministre de l’écologie, vous vous saisissez de ce dossier pour développer les emplois de la filière. Quelles sont vos trois propositions clés au Premier Ministre Eve Beauty ?

>> Cas pratique n°3 : « LES ÉCO-ARTISANS… SANS JEUNES ARTISANS »

ECO Artisan® est une marque délivrée aux entreprises artisanales du bâtiment qui s’engagent à respecter un référentiel relatif à l’amélioration des performances énergétiques des logements.

Les exigences du référentiel s’articulent autour de 3 grands engagements :

  • proposer à ses clients une évaluation de la performance énergétique de leur logement,
  • apporter un conseil global en rénovation énergétique
  • réaliser les travaux dans son corps de métier et en vérifier la qualité

Pourtant la CAPEB, syndicat artisanal du bâtiment, se plaint de plus en plus de ne pas trouver de jeunes intéressés par les métiers du bâtiment. Les sections d’apprentissage se remplissent difficilement et les artisans regrettent amèrement de devoir refuser certaines commandes à cause des nombreux freins à l’embauche qu’ils rencontrent.

Vous êtes Milippe PEIRIEU, en charge de la formation tout au long de la vie à la Région. Vous avez à lancer une action spécifique pour développer l’embauche de jeunes apprentis en éco-construction.

>> Cas pratique n°4 : « ENVIRONNEMENT RIME-T-IL AVEC INSERTION ? »

Les structures d’insertion par l’activité économique sont assez nombreuses en Rhône Alpes : Entreprises d’Insertion, Associations Intermédiaires, Chantiers d’Insertion, Régies de Quartier… Elles cherchent depuis plusieurs années à se positionner sur les marchés émergents de la réduction de l’empreinte écologique comme la réduction, le recyclage et le remploi des déchets (ENVIE, Le Relais, ICARE…), la rénovation énergétique des bâtiments (Tremplin, REED…), la mobilité (Aid Auto 69).

Elles rencontrent néanmoins de nombreuses difficultés pour capter ces marchés au profit de leurs bénéficiaires en insertion. Les marchés, publics ou privés, sont souvent de gros volumes et peu accessibles à ces petites structures, peu outillées et souvent trop fragiles financièrement. Leur savoir faire n’est souvent pas reconnu, l’insertion par l’économique étant la plupart du temps perçue comme un domaine social beaucoup plus qu’économique, charitable bien plus que professionnel. Les entreprises concurrentes font enfin souvent la chasse aux offres des structures d’insertion, dénonçant une situation de concurrence déloyale compte tenu des aides publiques mobilisées.

Vous êtes le/la directeur/trice de l’emploi en Rhône Alpes (DIRECCTE, État) récemment nommé par le gouvernement HELANDOLY pour mettre en œuvre des mesures prioritaires de développement des emplois d’insertion dans le champ de la réduction de l’empreinte écologique. Quel serait l’emploi du temps de votre première semaine au service de cette priorité nationale ?

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