L’une des forces de l’ESS est sa capacitéà répondre aux besoins non satisfaits

Interview de Cyril Kretzschmar dans le Courrier des maires et des élus locaux de septembre 2012

L’économie sociale et solidaire est-elle un enjeu pour la région Rhône-Alpes?

Avec 23000 associations, coopératives et mutuelles, l’ESS représente une part significative, près de lO% de l’activité économique et de l’emploi en Rhône-Alpes. Berceau historique du mouvement coopératif, l’ESS dans notre région est très dynamique et particulièrement structurée.

 

Dans un contexte de tensions économiques, quel rôle peut jouer l’ESS dans les territoires?

L’ESS répond à des besoins sociaux non satisfaits en créant des activités économiques très diverses. L’innovation sociale constitue un levier pour le développement économique local, en milieu rural ou dans les hypercentres et les quartiers sensibles. L’une des forces de l’ESS est sa capacité à répondre aux besoins non satisfaits ou émergents et à prendre en compte les aspirations et préoccupations de la société. Elle investit des champs non occupés par les acteurs économiques traditionnels tels que la gestion des déchets, le recyclage, la valorisation des espaces naturels.

L’ESS, plus humaine, crée des richesses économes en ressources naturelles et durables. Elle correspond également aux aspirations des nouvelles générations, attirées par un secteur dynamique et une volonté d’entreprendre autrement.

 

Quels sont pour vous les freins au développement de l’ESS en région Rhône-Alpes?

Les associations sont simples à créer et mettre en place. C’est un avantage, mais aussi un inconvénient. Elles sont souvent sous-capitalisées lors de leur démarrage et connaissent rapidement des tensions financières. Et il leur est difficile de lever des fonds auprès des acteurs financiers classiques. Le grand émiettement des acteurs de l’ESS ne leur permet pas de renforcer leurs capitaux, de mutualiser et de bénéficier d’économies d’échelle. Enfin, l’ESS doit valoriser ses actions et évaluer sa plus-value, notamment en services rendus aux habitants et d’impact sur le développement local. Il faut de la méthode et des indicateurs crédibles.

 

Quels sont les appuis de la Région pour permettre le développement de l’ESS ?

Les acteurs de l’accompagnement sont les partenaires incontournables de la Région. Ils peuvent être présentés en fonction de la nature de leur accompagnement. Tout d’abord, l’accompagnement des créateurs d’entreprises avec les réseaux Créafil Rhône-Alpes : à partir d’un diagnostic, la démarche Créafil identifie les forces et faiblesses du territoire en matière d’accompagnement des créateurs d’entreprise et le structure avec un plan d’action. Cette démarche intègre l’ESS et concerne toutes les créations d’entreprises. Ensuite, citons l’émergence d’activités économiques répondant à des besoins non couverts et l’essaimage des projets dans les territoires à potentiel (la Fabrique à Initiative, l’incubateur ESS). Enfin, relevons le financement des projets qui ne trouvent pas de solutions adaptées sur le marché : innovation sociale, renforcement de la trésorerie des structures de l’ESS, mais aussi des TPE et des PME. Pour y répondre, l’action de plusieurs acteurs en région diversifie l’offre : les réseaux France Active et France Initiative, en partenariat avec la Caisse des Dépôts et les banques. Nous avons également identifié quinze monnaies locales complémentaires qui apportent des réponses innovantes en terme de solvabilisation.

 

Avec un ministère délégué à l’ESS, comment peuvent se coordonner les politiques de l’Etat et de la Région ?

L’Etat, la Région avec la CRESS travaillent déjà ensemble ! Nous avons porté et mis en oeuvre le premier contrat économique sectoriel de l’ESS entre 2007 et 2010. Nous sommes prêts à transférer les expérimentations qui pourraient servir la réflexion nationale. Par exemple, sur les dix-huit premiers pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) labellisés comme terrain d’expérimentation, quatre sont rhônalpins. Ces PTCE permettent une hybridation des modèles économiques et une coopération entre l’ESS et l’économie conventionnelle. Nous attendons également des propositions de l’Etat sur les orientations de la future Banque publique d’investissement, pour proposer une organisation en région concernant son volet ESS.

 

Et entre la Région et les autres échelons de collectivités?

Il y a des enjeux importants en matière d’accompagnement pour assurer l’autonomisation et la pérennité des projets de l’ESS. Notre approche était jusqu’à présent très régionale, nous entrons dans l’ère des territoires. L’idée est d’avancer sur une coopération et une articulation des actions d’accompagnement avec les conseils généraux, les agglomérations et les communes rurales, notamment à travers la démarche des contrats durables de développement Rhône-Alpes (CDDRA) et les contrats d’agglomération. Un objectif commun : développer l’ESS, afin que le plus grand nombre puisse la mobiliser au service de ses projets.

 

propos recueillis par Fanny Gérôme

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