Cyril Kretzschmar veut mettre un terme à « l’obsolescence programmée » des biens vendus
Législatives 12e circonscription : Cyril Kretzschmar veut mettre un terme à « l’obsolescence programmée » des biens vendus
SÉRIE (12e circ./14) – Dans le cadre de la campagne des législatives, les candidats du Rhône répondent au questionnaire envoyé par Lyon Capitale : quelles propositions de lois voteront-ils s’ils sont élus à l’Assemblée nationale ? Lesquelles soumettront-ils eux-mêmes au Parlement ? Cyril Kretzschmar nous répond. Il est candidat Europe Ecologie – Les Verts dans la 12e circonscription du Rhône (Cantons d’Irigny, Oullins, Sainte-Foy-lès-Lyon, Tassin-la-Demi-Lune).
Cyril Kretzschmar a 51 ans. Il est adjoint au maire délégué à la culture, à l’emploi et au développement économique à Francheville. Il travaille comme consultant. Il est conseiller régional, délégué à la nouvelle économie, aux nouveaux emplois, à l’artisanat et à l’économie sociale et solidaire, depuis mars 2010.
Lyon Capitale : Êtes-vous pour ou contre le mariage homosexuel ? Et l’adoption par des couples homosexuels ?
Aujourd’hui, près de 3 millions de nos concitoyennes et concitoyens ne bénéficient pas des mêmes droits que les autres, en raison de leur orientation sexuelle : je suis favorable à l’ouverture du mariage et des droits qui s’y rattachent à tous les couples. De même, il faut garantir un égal accès à l’adoption et aux techniques d’assistance à la procréation.
Êtes-vous pour ou contre la surtaxe Hollande de 75% pour les revenus au delà d’un million d’euros annuel ? Souhaitez-vous créer des exceptions pour certaines professions (sportifs, artistes…) ?
La proposition de François Hollande va dans le bon sens, mais elle me semble mal calibrée : il faut établir un régime fiscal plus progressif et instaurer un revenu maximum acceptable correspondant à 30 fois le SMIC, applicable à tous, sans exceptions.
Souhaitez-vous une intervention de l’État pour limiter la hausse du prix de l’essence ?
Bloquer le prix du carburant, c’est une mesure qui part d’une bonne intention, mais qui adresse un mauvais message à l’industrie pétrolière et au consommateur. Grâce à la TIPP (Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers, ndlr) flottante, le producteur et l’exportateur pourront augmenter le prix du baril de brut, et c’est le contribuable qui au final paiera la facture. De plus, c’est une mesure temporaire : une fois débloqué, le prix du pétrole repartira à la hausse. Il faut sortir de l’addiction aux énergies fossiles : concevoir des véhicules plus sobres, développer massivement les transports collectifs, encourager l’auto-partage, instaurer une tarification progressive pour faire baisser la facture énergétique des ménages modestes et décourager les consommations excessives.
Pensez-vous qu’il faille réduire l’immigration légale en France ?
Davantage que l’immigration légale, c’est la situation des « sans-papiers » qui pose véritablement problème. Des décennies durant, on a fait de l’immigré un bouc émissaire : on le tient pour responsable du chômage, de l’insécurité, du déficit des comptes de la Sécurité Sociale… On oublie que la mobilité est un droit universel : celles et ceux que l’on appelle communément des « sans- papiers » sont des femmes, des hommes et des enfants qui n’aspirent qu’à vivre dignement. Comme vous et moi, ils ont une famille, travaillent, consomment et paient des impôts à l’État.
Il paraîtrait même que l’immigration « rapporte » davantage qu’elle ne « coûte » à la collectivité. Les sans-papiers sont à cet égard victimes d’une réelle injustice : ils paient des cotisations sociales aux URSSAF((Unions de Recouvrement des Cotisations de Sécurité Sociale et d’Allocations Familiales, ndlr) et à la CNAV(Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, ndlr) sans pouvoir bénéficier en retour des mêmes droits et prestations que les autres travailleurs ! Refuser de régulariser les travailleurs sans-papiers, c’est accepter le travail au noir. Il faut donc dépénaliser le séjour irrégulier, régulariser tous les étrangers présents sur notre territoire, favoriser l’accès à la nationalité française, et lutter contre les filières mafieuses qui tirent profit de la misère humaine.
Êtes-vous pour imposer un écart maximum de 1 à 20 dans la rémunération des salariés des entreprises publiques ? Des entreprises privées ?
Dans les entreprises privées comme dans le secteur public, le plus haut revenu ne doit pas excéder 30 fois le SMIC : au-delà, le taux d’imposition doit être porté à 80%.
Êtes-vous pour ou contre le droit de vote des étrangers aux élections locales ?
Je suis favorable à ce que tout résident étranger présent sur notre territoire depuis 5 ans bénéficie du droit de vote à toutes les élections, locales et nationales. C’est cela, une politique d’intégration juste et efficace.
Pensez-vous qu’il faille conserver Hadopi ? Si non, par quoi souhaitez-vous la remplacer ?
Je suis convaincu qu’il faut abandonner les politiques répressives de type Hadopi ou ACTA : au contraire, il est nécessaire de protéger les droits des internautes (leurs données personnelles notamment), et de partager davantage la propriété intellectuelle. Pour cela, les pouvoirs publics doivent soutenir l’utilisation des logiciels libres et l’emploi des formats ouverts, mais également augmenter l’offre de biens publics numériques.
Êtes-vous pour ou contre une aide publique à la construction de mosquées ?
La laïcité est une composante essentielle de notre République : ça ne peut et ne doit pas être une notion à géométrie variable. Il existe des moyens légaux propres à permettre aux croyants de pratiquer leur culte dans des conditions décentes, sans pour autant contrevenir aux dispositions de la loi de 1905. Je pense notamment au bail emphytéotique cultuel, qui autorise une association cultuelle, au même titre que toute autre association, à utiliser des locaux communaux, y compris pour l’exercice de son culte, à condition que soit assurée l’égalité de traitement entre toutes les associations qui sollicitent l’utilisation de ces locaux.
Êtes-vous pour ou contre le retour à la semaine de 5 jours à l’école ? Si oui, préférez-vous que la nouvelle matinée de classe soit le mercredi ou le samedi ?
Semaine de 4 jours, 4 et demi ou 5 jours, école le mercredi ou le dimanche… Ces questions doivent être tranchées à l’échelon local. En effet, les rythmes scolaires les plus pertinents ne sont pas les mêmes en centre-ville, dans une commune péri-urbaine ou en montagne. Les rythmes scolaires doivent donc être mis en cohérence avec les rythmes de vie locaux, en concertation avec la municipalité, les enseignants et les parents.
Êtes-vous pour ou contre l’encadrement des loyers ?
« Un toit, c’est un droit ! » : la hausse incontrôlée des prix de l’immobilier est un des facteurs de la précarité. Il est donc nécessaire de réguler le parc locatif privé, en alignant les loyers au niveau du quartier et en plafonnant les prix au mètre carré. L’encadrement des loyers doit être accompagné d’un renforcement de la loi SRU : porter l’obligation de construction de logements sociaux à 25%, imposer aux investisseurs institutionnels un quota de logements à loyer encadré et construire des logements de qualité « éco-labellisés ».
Êtes-vous pour ou contre l’énergie nucléaire ?
Je plaide pour une sortie progressive du nucléaire. Dans l’opinion, cette prise de conscience est désormais acquise : la question n’est plus de savoir s’il faut sortir du nucléaire, mais quand. Pour réussir une sortie en 20 ans du nucléaire, il faut mener une politique énergétique crédible : l’arrêt progressif des 58 réacteurs français, un plan national d’économies d’énergie, des investissements massifs en faveur de l’isolation thermique des bâtiments, et bien entendu un soutien public continu à la filière des énergies renouvelables.
Êtes-vous pour la légalisation de l’usage de cannabis ?
Contrairement aux idées reçues, les écologistes ne sont pas laxistes ; ils sont réalistes. Si l’on veut vraiment endiguer le trafic d’armes et saper l’économie parallèle, il faut nécessairement légaliser la consommation de cannabis. Légaliser, cela signifie donner un cadre légal, c’est se donner les moyens de réglementer le commerce du cannabis.
Êtes-vous pour ou contre la réalisation des projets autoroutiers qui concernent l’agglomération : A45, COL, TOP ?
Nous le constatons tous : le temps quotidien passé dans les transports s’allonge et la qualité de l’air se dégrade. La circulation automobile est un vrai problème dans l’Ouest lyonnais. Je suis opposé au projet du TOP, qui va assécher nos finances publiques. L’argent du contribuable doit être consacré en priorité aux transports collectifs. Le tout-routier est une solution dépassée : il vaudrait mieux utiliser cet argent pour développer le tram-train ainsi que les transports en commun en site propre, encore beaucoup trop espacés sur la circonscription.
Quels sont vos engagements personnels en matière de cumul des mandats ? Pensez-vous qu’il faille une loi pour réglementer cette question ?
Ma position est claire, elle n’a pas varié d’un iota : si je suis élu député, j’abandonnerai mes autres mandats. A mon sens, nul n’a besoin de collectionner les fonctions électives pour garder un pied sur le terrain ; il faut mettre un terme au cumul abusif des mandats. Les parlementaires et les présidents d’exécutifs locaux (sauf les maires des communes de moins de 3.500 habitants) ne devraient détenir qu’un seul mandat. Par ailleurs, la loi doit permettre une véritable rotation des responsabilités : les parlementaires et les présidents d’exécutifs locaux ne devraient pas exercer plus de deux mandats consécutifs.
Quels sont vos engagements personnels en matière de transparence sur les rémunérations et les conflits d’intérêts des élus ? Pensez-vous qu’il faille une loi pour réglementer cette question ?
Si je suis élu, je voterai une loi visant à rendre obligatoire la publication de déclarations d’intérêts précises pour tous les élus. Il faudra également aller plus loin, notamment en contrôlant la véracité des informations déclarées, et en instaurant des sanctions en cas de fausse déclaration.
Quels sont vos engagements personnels en matière de temps de présence à l’Assemblée nationale ? Pensez-vous qu’il faille une loi pour réglementer cette question ?
Il me paraît inadapté de légiférer sur le temps de présence à l’Assemblée nationale. Cela pourrait se révéler totalement inutile : on verrait des députés venir pointer tôt le matin, puis filer à l’anglaise sans assister à la séance. Dans leur immense majorité, les élus sont des gens honnêtes, dévoués, au service de leurs concitoyens. Le temps de présence est une question de bon sens : il faut pouvoir se consacrer au travail parlementaire sans pour autant négliger sa circonscription.
Quelles propositions de loi envisagez-vous de faire à l’Assemblée nationale si vous êtes élu(e) ?
Beaucoup de sujets me tiennent à cœur : l’emploi et l’économie, les transports, le logement, l’économie sociale et solidaire, la transition écologique… En premier lieu, je souhaite rédiger avec mes collègues députés un ensemble de propositions de lois touchant à l’emploi et au développement économique. Il faut apporter à tout demandeur d’emploi et personne en recherche de transition professionnelle un réel accompagnement.
De même, il faut améliorer sensiblement le système des aides économiques aux entreprises, en conditionnant beaucoup plus fortement celles-ci à la création et au maintien de l’emploi, ainsi qu’à la réduction de l’empreinte écologique.
Je suis également sensible à la problématique des déchets. Le système économique est parfois pervers : on fabrique des produits programmés pour être rapidement obsolètes ! L’obsolescence programmée pousse les consommateurs à racheter régulièrement les mêmes objets (c’est le cas par exemple de l’électroménager), ce qui génère un surplus de déchets et a des conséquences dramatiques pour notre environnement.
Si je suis élu, je rédigerai une proposition de loi allongeant les durées légales de garantie des biens vendus, et obligeant les fabricants à maintenir disponibles les pièces détachées. Une mesure bénéfique pour les métiers de la réparation et de la réutilisation !
4 juin 2012
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Leïla Piazza et Jane-Amondi Odhiambo